Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Deux

5 novembre 2015

PART IV - SUITE

Des picotements hérissaient ma nuque, et dans ma gorge une boule prenait de l’ampleur, j’étouffais. La panique m’envahissait. L’unique source de lumière qui se trouvait à une dizaine de mètres provenait d’un réfrigérateur – celui-ci avait les portes ouvertes. En dehors du ronronnement discret du climatiseur improvisé et d’une goutte d’eau qui tombait dans une flaque à un intervalle régulier – sûrement causé par une fuite – le silence régnait. Même si j’étais dans une obscurité partielle je n’arrivais même pas à voir mes propres mains. C’était devenu tellement naturel de se mouvoir ou bon me semblait que ma réaction était démesurée « JE PEUX BOUGER ! » Je sentais mes mains, mes doigts, mon cou même mon arrière train fatigué d’être assis sur une chaise inconfortable. Par contre mes jambes étaient toujours inopérantes . « Depuis combien de temps étais-je là ? et puis merde pourquoi m’ont-ils menotté ! ». Je me grattais les yeux et avait envie de dormir, ma tête descendait petit à petit jusqu’à se poser sur une sorte de table. Mes yeux se fermaient. Au bout de quelques secondes j'avais le souffle coupé, les oreilles attaquées par ce style musical que je haïssais de tout mon être m’empêchait de fermer les yeux. C'était du hard rock ou bien du Metal avec des paroles simples et dérangeante « 666 ». - ARRETEZ !! S'IL VOUS PLAIT ARRETEZ !! JE VOUS EN SUPPLIE criais-je comme si ma vie en dépendait Le bruit se stoppa, mes oreilles bourdonnaient. Je n’entendais plus que mon cœur battre à la chamade, j'essayais avec difficulté de reprendre le contrôle de ma respiration. Le Quelques minutes plus tard après avoir réussi à me calmer ils avaient remis ça. Du « 666 » à fond et à répétition, mais cette fois ils voulaient en plus de mon ouïe, torturer ma vue. Des spots lumineux puissants entouraient la pièce dans laquelle je me trouvais. Ils s'allumaient et s’éteignaient à très grande vitesse. Mes mains ne savaient plus quoi sauver, mes oreilles ou bien mes yeux ? Un jour dans sa vie on a toujours eu cette question à l’esprit « Aurai-je préféré être aveugle ou bien sourd ? » Dans mon cas présent, j'aurai aimé perdre tous mes sens pour ne plus avoir à subir une seconde de plus cette affreuse torture. Lorsque le calme reprenait place, c’était au tour de la goutte d’eau de me donner du fil à retordre. L’impact de la goutte sur la flaque d’eau résonnait dans ma tête, j’étais à bout de force physique et psychologique. - Dites-moi pourquoi je suis là … s’il vous plaît… s’il vous plaît. J’étais misérable et ma voix s’éteignait avec mes supplications. Les spots lumineux s’allumèrent, mais cette fois-ci avec une intensité amoindrit. Je fermais les yeux de toutes mes forces. Pensant que j’allais une fois de plus être agressé par les grosses enceintes suspendues autour de moi, mes mains s'étaient plaquées contre mes oreilles. L’unique porte de la pièce qui me faisait face s’ouvra lentement. Elle laissa échapper un grincement faisant écho dans la pièce – j’étais sensible à chaque bruit. - Monsieur... MOUSSAOUI... Sa voix rauque m’avait fait entrouvrir les yeux. C' était un homme d’apparence simple, mal rasé, portant une chemise blanche qui virait au jaune. Ses manches étaient retroussées jusqu’aux coudes et laissaient entrevoir des tatouages imposants sur ses avants bras. Il s’avança vers moi et déposa des dossiers sur la table. - Je m’appelle John CLIPPER (Tout en me parlant il ouvrait les dossiers), je fais partie de la C.I.A, l'Agence Centrale du Renseignement. Vous connaissez ? Mes dents s’entrechoquaient, le froid et les émotions étaient difficiles à repousser. Je le regardais et j’avais l’impression d’être un rat de laboratoire. Le scientifique qui allait s’exercer sur moi était sous mon nez. – Je vais prendre votre silence pour un oui. Nous travaillons pour la sécurité du territoire américain et nous nous efforçons de garder ce monde moins fou qu’il ne l’est déjà. Vous, Monsieur MOUSSAOUI allez répondre à quelques- unes de mes questions OK ? Commençons. – S’il vous plaît laissez-moi partir. je ne suis pas la personne que vous pensez. Je suis français ! J'ai des droits ! Il ne m’écoutait pas, ma phrase c’était perdu dans un coin de la pièce. Il étala devant moi des documents dont quelques photos. - Vous voyez ces individus ? Ce sont les auteurs de l’attentat le plus meurtrier depuis le 11 septembre. Ils ont causés la mort de 314 citoyens dont 94 Américains, aucuns survivants. Ils ont abattus en plein vol un avion long courrier, plus précisément un Boeing 787. Reconnaissez ces personnes Monsieur MOUSSAOUI ? Tous les médias avaient parlé de ce triste événement. Ces photos étaient sur la toile pendant des semaines, Facebook, Twitter et consort les affichaient. Au bout de quelques jours leurs visages m’étaient familier. Mais devant ce CLIPPER, je me voyais mal dire que je les reconnaissais. – Non… J'étais inconscient de mentir à un professionnel. – Vous travaillez pour Global Technics en tant que consultant informatique c’est bien ça ? C'était la question de trop – Vous êtes de mèches avec cette malade de Julia ?! C’est ça hein ?! J’en étais sûr et certains qu’ils n’allaient pas me laisser tranquille. Ils sont derrière entrain de m’écouter ! Alors je le disune fois de plus, JE – NE – SAIS – RIEN ! Il croisa ses bras et ses jambes et s’adossa contre son siège. Son regard avait changé, je pouvais lire de l'intrigue. « Merde, merde, merde ! C’est sûr il ne connaissait pas ces dingues j'étais sur le point de creuser ma propre tombe » – Qui est cette Julia ? Je me mordais les lèvres et faisait rouler mes yeux dans tous les sens. Réflexion faite je me devais de leur dire ce que je savais. Mais … Mais bien sûr ! L’hôtel à dû signaler mon enlèvement ! La C.I.A suivait les deux dingues et sont tombés sur moi ! J’étais seul, désorienté, c’était une aubaine pour eux de m’interroger ! J’étais décidé à tout raconter. – Julia c’est … Je n’avais pas eu le temps de terminer ma phrase que ce détestable bruit, le « 666 » de malheur était de retour et encore plus assourdissant que jamais. La seule chose positive était que CLIPPER se trouvait avec moi et pouvait goûter à ce capharnaüm auditif. Il ridait son front et plissait ses yeux. Il était méconnaissable. Je pouvais voir une veine gonfler sur son front tellement il était en colère. Il se leva et prit un sorte de talkie-walkie. Ses cris passaient inaperçu,. Il faisait de grands gestes, mais le dernier que j'avais pu voir de lui était son bras en l’air avec le poing serré. Les spots s’étaient brutalement éteint, le bruit quant à lui était toujours craché par les enceintes aux basses élevés. Petit, j'avais peur de l’obscurité mais avec l’âge celle-ci avait diminué jusqu’à disparaître. Dans cette situation ce n’était plus une peur mais une phobie qui m’enlaçait tendrement le cou à ne plus pouvoir respirer. J’avais poussé tellement fort sur mes pieds que mon corps c’était propulsé en arrière. Un feu d’affolement, d’épouvante, de frayeur et même de terreur traversait mon corps. Les décibels vibraient en moi à un seuil qui devenait dangereux pour ma santé. À l’aide de mes bras et de mes fesses, je me tirais vers arrière. J’étais à présent dos à un mur froid qui glaça mes os. Je sentais des fourmis dans mes jambes, signe que j'allais retrouver leur usage, mais peut être trop tard. Le raffut s’arrêta et j'entendais une personne pouffer de rire. – Ne me dit pas que tu t'es uriné dessus ?! Je reconnaissais cette voix. La lumière se rallumait progressivement et je fixais le corps de CLIPPER au sol la bouche ouverte. Elle continuer à rire et à s'approcher de moi - je n'osais pas poser mes yeux sur son visage - À ma hauteur, elle me tapa doucement le menton avec son index. Je levais ma tête - elle avait le même sourire qu'à notre première rencontre dans l'avion. C'était Julia.
Publicité
Publicité
31 octobre 2015

Part IV - Interrogatoire

Part IV – Interrogatoire Après avoir passé l'accueil et les imposantes portes d’entrée je me suis retourné – personne ne me suivait – la façade dorée du bâtiment était magnifique, le nom de l’hôtel « The Regency Palace » attirait avec certitude tous les regards. Ma main faisant office de visière j'apercevais au loin et avec grande surprise mon hôtel miteux. D’un pas rapide je traversais les passages piétons, jetais des regards furtifs à gauche et à droite, devant et derrière moi. Le visage de Julia me revenait à l’esprit et l’anxiété posait ses mains sur moi, j'avais l'impression d’être surveillé. J’étais tellement absorbé par mes pensées qu’une voiture manqua de peu de me rentrer dedans. Les pneus de la Subaru de couleur noir crissaient. Elle s’arrêta juste à côté de moi. La vitre se baissa et le chauffard cria des mots en anglais ou bien en maltais. À mes oreilles ça sonnait comme un« dégage de la rue ! ». La main en l'air en guise d'excuse je m’exécutais et fit demi tour sur le trottoir, à ce moment-là un jeune homme portant un bonnet courra vers moi et me tendit la main. Pensant qu’il voulait m’aider je lui ai à mon tour tendu la mienne. Tout sourire il m’attrapa le poignet et me poussa violemment vers l’arrière, j’avais trébuché mais j'étais toujours debout. Son sourire démoniaque ne quittaient pas ses lèvres, je le voyais sortir une seringue de sa poche et s’avancer à vive allure. Il était trop rapide et ma réaction trop lente. Tout mon corps se tétanisa, mon bras me démangeait énormément, mes jambes ne me supportaient plus, j'essayais d’avancer mais quelque chose me retenait. Une douleur se propagea de l’arrière de ma tête jusqu’aux pointes de mes cheveux. Le bruit ambiant de la population s’éloignait, ma vision devenait flou mais j’apercevais une autre silhouette s’approcher de moi. Plusieurs impressions se mélangeaient, à commencer par celle d’être immergé sous l’eau. J’aimais beaucoup cette sensation, d’ailleurs lorsque je faisais de la natation, dès que mon corps était dans la piscine je me laissais petit à petit couler sous l’eau. J’étais fasciné par ce paradoxe, la sensation de légèreté confronté au poids de mon corps qui m’attirais très rapidement vers le fond. J’étais dans un autre monde, loin du travail, loin du bruit, seul comme un poisson ne souhaitant pas cohabiter avec ses semblables. A bien y réfléchir, dans le monde aquatique j'aurai été un Combattant. Après quelques secondes d’immersion j’entendais et reconnaissait le son strident provenant du sifflet du Maître nageur. Pour arriver à faire ce bruit il devait gonfler ses poumons au maximum puis relâcher tout l'air jusqu’à se choper une quinte de toux. Je remontais à la surface avec un air blasé et répétais toujours la même phrase « Oui c'est bon je sais, pas d’apnée... Connard » Je prenais toujours le soin de plonger ma bouche sous l’eau afin que ma fin de phrase ne parvienne pas à ses oreilles. À cet instant j’étais loin d’une piscine et je peux vous garantir qu’une chute sur le bitume était tout sauf agréable. Ma douleur au crâne s’accentuait, mes mains ne m’appartenaient plus, elles étaient immobilisées. Je sentais mon corps se faire manipuler et voyais difficilement deux têtes cagoulés. Seul leurs regards étaient visibles. Je voulais hurler de toutes mes forces mais ma langue était elle aussi anesthésiée. Je me suis retrouvé allongé à l’arrière d’un van ou un utilitaire à l’intérieur très sombre. Un des ravisseurs tapa deux fois le plafond du véhicule pour signaler au conducteur de démarrer. - Conduit doucement « N »! On ne doit pas éveiller de soupçons - Bien reçu ! « H » A ton tour de faire les vérifications, Ils avaient un fort accent anglais. Le prénommé « H » se mit à serrer fort ma mâchoire, m’aveugla avec une mini torche et inspecta avec ses doigts l'intérieur de ma bouche. Ma salive sortait de ma bouche et dégoulinait sur mes joues. L’envie de le mordre était très intense mais c’était peine perdue. Il examina mes chaussures puis les enleva. J'étais tétanisé, mon cœur battait à tout rompre, des larmes coulaient le long de mon visage. « C’était un cauchemar n’est-ce pas ? Là je suis dans mon lit entrain de dormir ! Mais oui c’est sûrement ça je suis en plein mauvais rêve ! » - Il commence à bouger.« B » remet lui une dose de paralysant, « B » sorti la même seringue qui m’avait mis dans cet état. C’est sur c’était lui qui m’avait broyé le poignet. De nature calme tout mon corps bouillonnais, j'avais envie de l’étriper. - Bouge pas sinon je vais te faire mal ! Il me demandait de ne pas bouger alors que j'étais l’équivalent d'une feuille morte un jour d’automne. Le conducteur, désigné par la lettre« N » se mit à parler dans un sorte de talkie-walkie. - Red one ici Red two on approche ouvrez les portes. - Entendu Red two – Tout est prêt, De toutes ma vie je ne m’étais jamais endormi ni même assoupi dans une voiture. À bord de ce véhicule mes pupilles s’alourdissaient. Deuxième jour à Malte et je perdais une fois de plus connaissance. *
27 octobre 2015

Part III – Explications

deux_logo

Part III – Explications  

Malgré le lit confortable sur lequel j’étais allongé toutes les parties de mon corps me faisaient atrocement mal. Ne voulant pas qu'ils sachent que j'étais réveillé, j'ouvrais les yeux subrepticement. 

J’apercevais debout Julia de dos, les yeux rivés sur un large téléviseur. 

Elle s'énervait toute seule face a un journaliste d’une chaîne d’information :  
- Encore de la désinformation !! Tu as entendu ça Noham ?! 
- Quoi donc ? répondit-il 

- Viens voir ! Ce journaliste de bas étages ici présent nous dit que notre président ô combien aimé fait tout son possible pour rétablir l’ordre en Syrie.

Sa phrase n'était pas encore terminée que Noham se retrouvait face au téléviseur aux cotés de Julia. Il prit la télécommande et augmenta le son, le journaliste continuait à débiter en langue arabe ses informations. Je ne comprenais absolument rien de ce qu’il racontait ; 
- Attaqué par des terroristes alors qu’il se rendait soit disant dans un camp de démunis ?! Non mais il manquerait plus qu'ils le fassent passer pour un saint ! criait-elle
Les yeux mi-clos j'avais du mal à ne pas cligner des yeux toutes les 5 secondes, je regardais autour de moi avec un champ de vision altéré par mes propres yeux. J'étais lamentable, pourquoi ne pas me lever et ne pas tordre le cou de ces deux abrutis accroc aux informations ? 
La réponse je la connaissais. Seul face à cette femme je n’avais rien pu faire donc en rajoutant ce conducteur de taxi c'était fichu d'avance.

Mon cerveau était en pleine ébullition et le vacarme que faisait cette femme ne m’aidait pas.

- Tu peux te joindre à nous me lança Noham avec une voix chaleureuse

J'ouvrais les yeux en grand et aussitôt les ridaient à cause de la lumière. J’inspectais du regard l’endroit dans lequel je me trouvais. Sur les draps de cet immense lit ainsi que sur les coussins, étaient brodés le nom d’un hôtel suivi de 5 étoiles. 

Sur le mur me faisant face une imposante horloge donnait comme heure  “ 08 : 34 am ”. 

Je reconnus sans mal le logo de la célèbre marque d’horlogerie Rolex. 

- Il aura fallut que je me fasse éclater la tronche pour être surclassé dans une chambre comme celle-ci. Disais-je sans fluidité.  

J’essayais de me mettre assis tant bien que mal. Julia se tenait debout les bras croisés et ne bougeait pas d'un iota, elle avait le regard dirigé vers moi. 

-  Badr, t'en penses quoi de la Syrie ? 

- J'en penses que je me suis fait kidnapper par deux tarés qui ne m’ont pas donnés d’explications ! ! 

Ma phrase ne lui avait fait ni chaud ni froid, elle continuait à me fixer avec un regard perçant me rappelant les coups qu’elle m’avait porté au visage

- Je repose la question Badr, t'en penses quoi de la Syrie ?

Elle ne blaguait pas du tout, ce n'était pas un couteau que j'avais sous la gorge mais un katana à la lame tranchante sortant tout droit du fourreau d'un samouraï d'antan. Avec une voix tremblante je répondais à sa question et ce avec le plus de sincérité possible, j'avais l'impression de faire face à un examinateur essayant de me déstabiliser à un examen de fin d'année. J'expliquais mon point de vue concernant la situation lamentable de ce pays qui autrefois était aimé de tous, la tristesse que j'éprouvais pour ce peuple Syrien et d’autres informations que j'avais lu et entendu dans différents médias. 

Plus je parlais et plus son visage se refermait, s'en était flippant.

Noham posa sa main sur l'épaule gauche de Julia et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Elle s'exécuta et se dirigea vers moi, mon cœur commençait à s'emballer, ma respiration s'accélérait. Elle passa à coté de moi sans même me jeter un regard et alla se réfugier dans une autre pièce. Elle me foutait vraiment les jetons.

Le sourire en coin, Noham me regardait reprendre mes esprits.

- Elle a l'air effrayante comme ça mais tu apprendras à la connaître.

- Mais je n'ai nullement envie de faire la connaissance d'une malade mentale ! 

L'intensité de ma fin de phrase avait diminuée pour qu'elle ne m'entende pas. Excédé mais pas suicidaire pensais-je tout bas.

- Dits moi pourquoi je suis là et pourquoi m'avoir tabassé pour finir par me soigner ?

Noham prit une grande inspiration et me fixa quelques secondes : 

- Tout d'abord sache que tu n'es pas prisonnier et j'aimerai que tu écoute ce que j'ai à te dire c'est important. 

- J'ai le choix ? 

- Pour le moment non mais écoute-moi attentivement me rétorqua Noham.

Plus il parlait et plus mes muscles se crispaient. Assassinat, génocide, toutes les horreurs que ce peuple Syrien enduraient. Les bras le long de mon corps, les poings serrés, je bouillonnais de l'intérieur. Je sentais ma mâchoire épuisée, exercer une continuelle pression sur mes dents. Il termina son histoire par : 

- Nous sommes désolés de ce que tu as pu endurer dans cet hôtel mais nous n’avions pas le choix.

En levant ma tête Julia était de nouveau aux côtés de Noham et à elle de me dire qu'elle était profondément désolée. 

- C'est ça ! J'ai bien remarqué le plaisir que ça te procurait de tabasser des hommes ! 

Je me suis laissé faire uniquement parce que tu es une femme ! J'aurai du te frapper jusqu’à ce que ta propre mère ne te reconnaisse plus ! Espèce de folle ! On ne ta pas appris que les poings ne menaient à rien ?!

Tel un kamikaze se dirigeant en chute libre sur l'ennemi, un filet de bave provenant de ma bouche se jeta au sol tout proche des pieds de Julia, 

- Badr, si j'avais la possibilité de te déformer une fois de plus le visage je le ferais avec grand plaisir.

Elle disait ça en souriant - la rage me montait au visage mais si je voulais un jour revoir la France, j’étais contraint de les écouter. Après tout s’ils voulaient me tuer ça aurait été fait depuis longtemps. Noham se leva et déplaça une petite table transparente faites de cristal ou d’un matériau dans ce genre. Lourde d’apparence il la déplaça en face de moi avec une telle facilité. 

Heureusement que c’est la fille qui est venue me kidnapper à l’hôtel sinon mon âme aurait quittée mon corps au premier coup de poing. Sur la table se trouvait un sac et à côté de celui-ci quelques friandises dans une petite assiette. Le sac était en somme banal sans marque mais les bonbons eux me faisait saliver - mon ventre criait famine.

-  Ouvre le sac s’il te plait me demanda Noham 

-  Fais le toi même, j’en ai marre que l’on me donne des ordres !

-  Tu es sûr ? Pourtant ce qu’il y a à l’intérieur pourrait t’intéresser. 

Son ton amical me poussait à être crédule et même à avoir de l’empathie. J’espérais ne pas être touché par un sorte de syndrome façon Stockholm. J’ouvrais le sac docilement et tout d’un coup mon attitude était celle d’un enfant devant ses cadeaux un matin de Noël, mes yeux s’écarquillaient, ma bouche était à moitié ouverte. Greffez une bouche à mon estomac et ses premiers mots aurait été : “ Un trésor ! ”. 

Des sandwichs en vrac bien garnis, une petite bouteille de soda, un paquet de chips, un paquet de gâteaux au chocolat et pour couronner le tout des M&ms. 

- Bon appétit, me lança Julia

Je ne voulais même pas répondre ni hocher la tête. Mon regard était focalisé sur la nourriture, j’étais affamé et plus les crocs se faisaient plus je me rassasiais. Je mélangeais le sucré avec le salé en faisant des pauses avec des gorgées de soda. J'imaginais l'acheminement de ce « festin » dans mon corps jusqu’à se loger dans ma poche stomacale. 

Mon pauvre estomac.

- Pourquoi je suis là ? 

Julia me tourna le dos et leva l’index de la main droite en direction du plafond, j'ai tout naturellement regardé son doigt et à ma grande surprise la raison de son mouvement était un éternuement. Au plus profond de mon être j'aurai adoré que son réflexe de fermeture des paupières ne fonctionne pas. Ses yeux auraient quittés leurs orbites, Noham aurait été affolé, Julia se torderait de douleur au sol et discrètement j'aurai quitté cette satanée chambre – J'esquissais sans le vouloir un sourire démoniaque.

Elle interrompit mon doux rêve, et mon visage reprit son état initial  

- Désolée

- « désolé, désolé » vous avez que ça à la bouche dites-moi pourquoi je suis là

- Prénom Badr, nom de famille Moussaoui, tu viens d’avoir 30 ans et tu es né le 09 septembre 1985

Noham prit le relais :

- Tu habites Paris depuis quelques années maintenant, de nature solitaire tu aimes voyager seul une fois par an, tes hobbies sont le sport et plus particulièrement le basket.

- Vous … vous m'avez espionné ?! Je sentais des fourmis me monter au visage.

Ils enchaînaient à tour de rôle l'étalage de ma vie. 

- Il y a de ça trois ans tu as été arrêté dans l'aéroport de New york. Ils t’ont refusés l’entrée sur leur territoire et tu as été retourné en France menotté. Le dossier officiel dit que tu as eu des agissements non respectueux envers le personnel de bord. 

- C'est FAUX ! Je n'ai rien dit ni eu d'agissements irrespectueux, la seule chose à laquelle j'ai pu manquer de respect c'est leur langue que … Noham leva la main grande ouverte en ma direction.

- La version officieuse est différente, ils ne t'ont pas acceptés car dans leurs bases de données tu es fiché comme terroriste Djihadiste dormant.

Il baissa les yeux et reprit :

- Le 11 septembre 2001, l'attentat du World trade center. Ils ont découvert plusieurs terroristes portant le même nom que toi. Parmis eux la star des stars « Zakarias Moussaoui ». Le français arrêté le même jour dans un aéroport américain tentant de se faire exploser. Dieu merci il n’a pas réussi, quelque chose avait dû foirer dans le mécanisme de détonation de la bombe. Grâce à cet abrutit toute personne portant ce nom de famille à été espionné.

Noham se leva et se dirigea vers un bureau improvisé, se retourna et me jeta une sorte de petit cahier. C'était un passeport français. 

- Vasy ouvre le, m’ordonna Noham

En l'ouvrant j'ai été rapidement interpellé par le nombre de tampons. Les pages suivantes étaient elles aussi jonchées de tampons provenant de douanes différentes. J'ai eu un temps de pause, pendant laquelle mes pupilles se sont dilatées. Mon front se ridait au fur et à mesure que je rapprochais le passeport de mes yeux. J'étais bouche bée

- Moussaoui ... Noham ?

Noham hocha la tête 

- Ton nom de famille est Moussaoui ?? 

Il esquissa un sourire et s'approcha de moi 

- Depuis maintenant quatre années tu as été espionné jour et nuit par les services secrets américains. Tes voyages solitaires leurs paraissait suspicieux, ton nom ... Notre nom de famille n'aidant pas tu n'as pas été accepté aux États Unis.
J'essayais de digérer toutes ces informations et j'avais un bon nombre de questions qui fusaient dans ma tête. 
- J'ai été espionné ? T'es quoi au juste ? un cousin éloigné ?  Et j'y pense ton nom de famille sur la carte que tu m'as donné dans le taxi, ce n'était pas du tout Moussaoui !
- En effet, tu as une très bonne mémoire. Khederi est le nom de Julia, pour passer incognito je me l'approprie de temps en temps. 
- Je travaille pour une fichue multinationale Américaine a qui je donne toute mon énergie ! Je n'ai pas de vie sociale ! Je n'ai pas de femme ni d'enfants ! Je souffle grâce à ces voyages, alors pourquoi, pourquoi !
  
Julia s'avança vers moi, croisa ses bras. Son expression avait changée, elle était chagrinée par mon désarroi ? ou bien était-ce de la pitié ? Peu importe je voulais prendre l'air, marcher, courir, tomber, me relever et continuer jusqu'à que je ne puisse plus oxygéner mon cerveau. Oublier, je voulais juste oublier. Mes coudes appuyés contre mes cuisses, mon regard fixé vers le sol, mon cerveau tournait à plein régime au bord de l'échec. Ça m'a tout naturellement rappelé mon quotidien lorsque je mettais a rude épreuves nos ordinateurs jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus répondre à mes requêtes, le redémarrage était nécessaire.
Tout comme les machines, les êtres humains avaient à mon humble avis bien besoin d'être agrémentés d'un mode sans échec.  
Julia continuait à élever la voix afin de retenir mon attention.
- BADR ! Si tu étais resté la nuit au Palierno Hôtel, le lendemain à la sortie de ta chambre tu aurait été agressé et emmené de force.
Ils t'auraient torturé afin d'avoir la moindre informations.
Ses mots étaient appuyés et bien trouvés afin de me foutre la trouille.
- Qui "ils" ??
- Des agents secrets Maltais et Américains. Malte appartient certes à l'Union Européenne mais il reste un petit pays dépendant économiquement, récemment ces deux pays ont passés un accord officieux dans lequel Malte s'engage à être transparent en terme d'informations des allers et venues des citoyens présent sur leur territoire. En contre partie Malte s'est vu augmenter sa compétitivité et son économie de plusieurs milliard de dollars grâce à l'implantation de différentes grosses multinationale comme Google. Business is business !
- Nous savons Julia et moi que tout ça est difficile à digérer mais nous t'avons dans un certains sens sauver la mise. Si tu sors attend toi a être arrêté. Noham pesait ses mots
- C'est quoi votre but ? Pourquoi vous m'avez aidez ?
- Nous sommes cousins, nous portons le même nom de famille et notre objectif premier est de rétablir l'ordre et la paix dans notre pays. Nous avons besoin d'aide et ce serait te mentir de dire que ce que nous allons te demander n'est pas dangereux.
 
- Qu'est ce que vous voulez ?
- Faire ... Faire tomber le régime de Bachar El Assad. Au niveau financier et armement le gouvernement Américain le soutient. Ils ont peur que Daesh, un groupe de terroristes que tu dois surement connaitre ne prenne le contrôle du pays et élabore un plan afin de faire revivre aux américains un nouveau 11 septembre.
Toute cette histoire, les médias n'en connaissent rien. Le peuple quant à lui pense comprendre mais il est floué comme toujours.
- Écoute, je ne sais pas me battre, Julia peut en témoigner. Je ne vous serait d'aucunes utilités. Donnez moi un ordinateur avec une connexion internet, j'achète un billet aller pour la France afin de retourner dans ma petite vie d'informaticien. 
-  D'accord ! me lança Julia avec un brin de colère dans sa voix
Noham se mit en mouvement, il prépara mes affaires, les déposa à mes pieds puis me lança un sourire.
- Prends soin de toi Badr
J'étais déconcerté, j'avais envie de dire "c'est tout ?!" ni une ni deux toutes mes affaires étaient sur moi.
En direction de la porte il m'interpella une fois de plus et me rappela que j'avais en ma possession sa carte de visite. 
Je t'en foutrait des cartes de visites ! J'ai crié cette phrase au plus profond de ma tête à coté de la case "courage".
                                                                                                               * 
27 octobre 2015

Part ll – La rencontre

 

Sans titre

Part ll – La rencontre

 

Le Palierno Hôtel, un trois étoiles trouvé sur Internet. Assez récent vu qu'il venait tout juste d'ouvrir ses portes, ce qui m'avait permis d'avoir de bons tarifs. Je n'avais pas trouvé de critiques pour me faire une idée de l'endroit ou j'allais séjourner et fautes de temps et d'argent au diable les recherches !L'hôtel ressemblait à un de ces immeubles sans vie se situant dans un quartier d'affaires.

Une immense façade avec dessus le nom de l'hôtel. Je leva ma main en direction de celui­-ci afin de compter le nombre d'étages. C'était un T.o.c avec lequel je vivais amoureusement depuis mon adolescence qui, avec les années Dieu merci s'était atténué. Peut ­être avait-­il une relation secrète avec une autre personne, bref je me sentait obligé de compter les détails.

Nombre d'étages dans un immeuble, nombre de verres dans une réunion, je me voyais mal aller à la plage et commencer à compter les grains de sable. Ces comportements répétés me permettaient de diminuer mes anxiétés.

- 16 étages disais ­je à haute voix avec un certain soulagement.

En avançant vers l'entrée je me retrouvait nez à nez avec un colosse de deux mètres, une vraie armoire à glace habillé en costume noir. Sur son torse une petite plaque métallique flambant neuve avec dessus écrit "Security"

- Bonsoir Monsieur, me lança t­ il avec une voix à l'opposé de son apparence.

- Bonsoir ! Les portes s'ouvrirent automatiquement et je continuais mon chemin en me dirigeant vers le comptoir.

Des tables en passant par les canapés tout sentait le neuf. Arrivé en face du comptoir une femme se dirigea vers moi avec précipitation.

- Bonsoir Monsieur Moussaoui, le voyage s'est ­il bien passé ?

- Bon...Bonsoir Madame mais comment savez vous qui je suis ?

- Nous tenons un registre des entrées et sorties. Vous êtes le dernier client que nous attendions me lança t-elle avec un sourire.

Elle me demanda mon passeport ainsi que les informations concernant ma réservation; quelques clics plus tard sur son ordinateur et elle me tendait mes papiers ainsi que ma carte de chambre. Une carte en somme basique avec les initiales de l'hôtel. P.H.

- Voici votre carte d'accès Monsieur Moussaoui, vous serez au 16ème étages à la chambre 1447, n'hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin de quoi que ce soit. Un téléphone se trouve à coté de votre lit.

J'acquiesçais par un hochement de tête, fatigue oblige je n'avais pas la force de lui rendre sa politesse.

Cinq minutes plus tard je me retrouvais dans ma chambre, allongé sur le lit le regard dirigé vers le plafond. Je comptais le nombre de spots lumineux qu'il y avait. 7 spots, je me chuchotais a moi même. 

La faim et la fatigue menaient une bataille sans précédant sur ce terrain de jeu qu'était mon corps. La fatigue avait une petite longueur d'avance.

Après une douche et des exercices de relaxation qui consistaient à de profondes inspiration et expiration, une seule chose trottait dans ma tête, me reposer et être prêt à arpenter les quatre coins de ce pays.

 

 

                                                                                                                *

 

C'etait comme ci un pivert matraquait mes tympans, je visualisais les phalanges de la personne entrain de frapper à la porte. Mes yeux s'ouvraient difficilement et essayaient avec peine de lire l'heure, la télévision en veille que j'avais oublié d'éteindre affichait 04:07 am. Mon visage était décomposé, qui diable viendrait toquer à cette heure ­ci et qui plus est à une chambre d'hôtel ?

Tout en me dirigeant vers la porte je grommelais des insultes entre mes dents.

- Qui c'est ?? criais ­je avec assurance

Aucune réponse

- C'est qui à la porte !? demandais-­je une seconde fois.

Toujours pas de réponse.

La porte ne possédait pas de Judas, je commençais donc avec hésitation à l'ouvrir mais à peine celle­-ci ouverte, une douleur que j'avais rarement ressentit se propageait dans chaque recoins de mon visage.

La porte m'était revenu en pleine face à une vitesse telle que je n'avais pas eu le temps de réagir. Etalé par terre, les yeux fermés, les mains sur mon visage j'étais entrain de me tordre de douleur. Le sang mêlé à mes larmes tapissaient le sol. La vision troublée, j'essayais de lever mon regard vers cette personne qui venait de littéralement me casser la gueule. C'était une femme...

- Ju..JULIA !! Mais pourq..

- Ta gueule me lança t­elle avec une voix calme. Tu vas m'écouter attentivement, je n'ai pas le temps de tout t'expliquer. Tu vas me suivre sans dire un mot et en lieu sûr je répondrais à toutes tes questions.

La douleur n'aidant pas, ma confusion était totale. Pourquoi cette femme que j'avais rencontrée dans un avion la veille agissait de la sorte. Ma colère augmentait, mon rythme cardiaque accélérait, plusieurs modifications physiologiques préparaient mon corps au mouvement et à la réaction. Je n'avais qu'une seule chose en tête, lui asséner un coup de poing afin qu'elle soit k.o. J'essayais avec peine de me relever afin de mettre en action mes pensées. A peine mon bras levé en sa direction que je me retrouvais une seconde fois expulsé au sol avec une violence inouïe. Toutes les dernières forces que j'avais mis dans mon coup de poing c'étaient retournée contre moi.

- C'est ridicule Badr ! La prochaine fois je te casse le bras, me prévenait-­elle

Un silence pesant faisait écho dans la chambre d'hôtel, je ne savais pas quoi faire. Mes affaires et surtout mon téléphone portable se trouvait à plus de trois mètres de moi, je n'avais plus qu'une seule solution : suivre ses instructions.

Je la voyais arracher un plan d'évacuation en cas d'incendie de l'hôtel, qui était accroché sur l'un des murs de la chambre.

- Tu te trompe de personne ! Si c'est de l'argent que tu veux, mon portefeuille se trouve là ­bas.

Toujours allongé je pointais du doigt mes affaires en désordre sur le bureau. Elle se dirigea vers mes habits et me les jeta à la figure suivis d'un :

- Lève toi, sur un ton sec

Au même moment une voix que je reconnu sans mal provenait de la porte.

- Monsieur Moussaoui ? Désolé de vous déranger à cette heure­-ci mais une cliente s'est plainte de bruits et nous venons vérifier si tout va bien.

Pas de doute, cette voix était celle de l'armoire à glace. Monsieur "Security" de l'entrée de l'hôtel. J'étais tellement soulagé que mes yeux s'étaient écarquillés. J'avais pris une grande inspiration pour crier de toute mes forces afin qu'il vienne à ma rescousse.

- AIDEZ MOI !!!

Julia qui ne s'attendait pas à cette réaction me lança un regard perçant qui me glaca le sang.

C'était sûr et certains, les choses allaient dégénérées, elle se dirigea vers moi en prenant de l'élan, je n'avait même pas eu le temps de me protéger le visage que celui­-ci était une nouvelle fois propulsé vers l'arrière par un coup violent. Cette fois ­ci mon assaillants était un pied. Le pieds de cette fille dont j'étais tombé sous le charme la veille.

J'étais à moitié assommé, la respiration lente et sifflante, j'entendais du bruit et des cris, ma tête me faisait un mal de chien. J'essayais tant bien que mal d'ouvrir les yeux mais seulement l'œil gauche répondait à mes ordres. J'apercevais avec difficulté la silhouette impressionnante de Security se faire malmener. Julia se dirigea vers moi et me lança :

- Les autres vont rappliqués dépêche toi.

Elle glissa ses mains sous mes aisselles afin de m'aider à me relever. Debout je voyais le corps du colosse gisant par terre telle une poupée jeté par un enfant ne voyant plus aucune utilité en son jouet. Je la suivais en titubant..

Elle était vêtu de noir de la tête au pied, sa concentration au maximum, elle tenait entre les mains le plan d'évacuation. Nous nous étions faufilés dans les entrailles de l'hôtel pour finalement en sortir par l'arrière. Je m'étais arrêté à plusieurs reprises pour reprendre ma respiration. L'air frais de la nuit remplissait mes poumons et me faisait du bien. En levant ma tête je voyais une voiture avancer lentement vers nous, à peine la Mercedes noir arrêtée que Julia m'ouvrit la portière arrière puis m'ordonna de rentrer dedans. J'étais soulagé de ne plus devoir marcher.

Le chauffeur se retourna vers moi puis regarda Julia :

- Eh bah ! Tu ne l'as pas ménagé le pauvre.

- Tu connais le proverbe, qui aime bien châtie bien lui répondit-­elle

Il rigola et se retourna vers moi :

- Salut Badr ! Comment tu vas depuis la dernière fois ?

C'était de la pure rhétorique, mon visage répondait à sa question. Mes oreilles quant a elles avaient reconnu sa voix puis un coup d'œil sur son visage, cela confirmait mes soupçons, c'était le conducteur de taxi... Noham. 

Sa manière de démarrer était la même que la veille, pleine d'agressivité, ce qui me propulsa vers l'arrière, c'était le coup de trop, je perdais connaissance.

 

                                                                                                             *

27 octobre 2015

Part l ­ Les Rencontres

Sans titre

Part l -­ Les Rencontres

 

Je scrutais avec un regard vitreux le paysage grisâtre que m'offrait cette ville. Alep, ville aux mille visages qui d'après Wikipédia signifiait "traire le lait", étrange non ? Je vois déjà la personne a l'époque, en pleine réflexion :

- "J'aime le lait ! J'aime les chats ! J'aime cette ville donc elle s'appellera ALEP"

Étant moi même un amoureux des chats j'aurai pu être son fidèle bras droit.

Mais en attendant je me demandait si ce que je regardais par la fenêtre n'était pas le reflet de mon état d'esprit. Afin de m'empêcher de sombrer dans une auto­hypnose dont moi et quelques érudits avaient le secret, je tentais de réveiller ma femme à ma manière... En lui posant une question existentielle.

­ C'est fou comment l'être humain est compliqué tu ne trouve pas hbiba ?"

Aucune réponse

­ Hbiba ! encore entrain de jouer à ton jeu...

Actuellement "hbiba" n'était qu'un petit nom que je lui donnait car entre nous son vrai prénom Julia, ne collait pas avec le personnage.

Ce satané jeu dont le but était de prendre soin d'un animal de compagnie virtuel avait vraiment le don de m'énerver. Et quel animal ! Tellement moche que je me demandait si l'objectif premier des créateurs n'était pas de semer la zizanie dans les couples du monde entier.

Hbiba était du genre ... comment dire, à être dans son monde OUI exactement ça ! Elle était d'un naturel à en faire pâlir un squelette, elle aimait rire à plein poumons.

Ça me rappel notre première rencontre, il y'a de ça un an maintenant, au dessus du ciel à 1500 mètres d'altitude dans un avion en direction de Malte. Ma place était la numéro 44. Comme chaque année, j'avais coutume de voyager seul dans un pays que je choisissais scrupuleusement avec des critères qui m'étais chers. La vérité étant que je choisissais mes voyages en fonction du prix du billet et uniquement ceci était pris en considération. Faire d'innombrables heures au travail, avoir son patron collé à ses basques, rentrer chaque soir tard à la maison, être exténué en fin de semaine, ne pas profiter de son Week­end pour au final voyager sans pouvoir décider de la destination.  C'était lamentable mais au final je voyageais donc que veut le peuple. J'étais un de ses rois sans couronnes, sans prestiges, sans la richesse aussi.

Dés mon arrivé à l'aéroport je m'étais dirigé comme une balle vers le comptoir de ma chère et tendre compagnie low cost. Leur slogan m'avait interpellé "Voyagez léger", c'était en effet le cas quand vous voyez les tarifs en cas d'excèdent de bagages.

Un employé de la compagnie m'avait redirigé vers le comptoir pour l'enregistrement de mon unique bagage.

Après une interminable file d'attente et pleins d'idées en tête concernant mon voyage je me retrouvais face à cette femme. A vrai dire mi­homme mi­femme, de ceux qu'on appelles les "androgynes".

­ Bonjour Madame avais je dit sans certitude.

­ Votre passeport et billets s'il vous plaît, a­ t­ il ou elle répondu(e) d'une voix agacée. J'étais à la fois gêné et énervé de ne pas pouvoir déceler le sexe de cette personne en face de moi.

- Brade Moussaoui c'est bien ça ?

Cette personne qui travaillait pour la compagnie aérienne à qui j'allais confier ma vie, n'était même pas fichu de lire correctement un prénom sur un passeport.

- C'est Badr, B­A­D­R comme ça s'écrit.

Juste après lui avoir lancé cette phrase à la figure, mon regard avait pris le relais à la place de ma bouche. Je lui avait jeté un de ses regards, celui que j'utilisais que très rarement car j'étais de nature assez calme. Un mélange entre celui de Robert de Niro dans Taxi driver lors de sa réplique devenue légendaire "YOU TALKING TO ME ?!" et celui d'un hibou au regard de tueur stoïque.

Il ou elle baissa sa tête, et quelques minutes plus tard après la pesée et l'étiquetage de mon bagage j'étais fin prêt et surtout impatient de décoller. Le brouhaha continuel de l'aéroport me rendait nerveux. Entre les cris, les rires et les pleurs des individus, je me retrouvait seul face à cette pollution auditive. J'avais perdu 15 kilos sans ma valise et ça se ressentait dans mon allure de marche; un petit coup d'œil sur le tableau afin de connaître ma porte d'embarquement et j'étais l’un des premiers passagers arrivé.

En rentrant dans l'avion, un Stewart d'une taille allant au delà de la normale m'avait dirigé vers mon siège. Celui ci était situé vers l'avant de l'appareil. Ce qui me faisait pensé à cet article de journal précisant qu'en cas de crash d'avions, les passagers à l'arrière était plus susceptible de survivre. Autant dire qu'après avoir lu ce torchon journalistique j'aurai aimé pouvoir bloquer ces informations et les extraire de l'hippocampe de mon cerveau. Mais c'était mon jour de chance, ma place numéro 44 était positionné à côté d'un hublot.

A cause du manque de places sûrement du à la seconde classe il m'a fallut enjamber les deux personnes qui allait être mes voisines de voyage. La place 42 était occupée par une vieille dame, qui avait l'air sympathique mais au moment de la déranger celle­ci a montrée son mécontentement.

- Vous pouvez quand même faire attention ! ma t­ elle subitement jetée à la face, ce qui m'a valu quelques regards accusateurs de la part d'autres passagers.

Je ne voulais rien répondre mais d'un coup mes lèvres se mirent à bouger

- Ma maman m'a dit de ne pas parler aux étrangers. Pourquoi, mais pourquoi diable ai­je dit ça ?! Et de surcroît avec une voix d'enfant.

Après un silence qui m'a paru durer une éternité, j'ai pu voir un premier sourire se dessiner sur le visage fripé de la vielle dame. Le second sourire provenait de la jolie jeune femme à la place 43, agréable à regarder je l'ai d'ailleurs contemplé plusieurs secondes avant de m'asseoir. Elle avait une chevelure imposante avec de grandes boucles qui, va savoir pourquoi me faisait penser à des tagliatelles. J'aurais aimé entamé une discussion avec elle mais le Stewart possédant une taille hors­norme et par la même occasion une voix rauque, m'avait gentiment demandé de regagner ma place car le décollage était imminent. J'étais enfin assis dans mon siège inconfortable, en face de moi sur la tête du siège passager, avec étonnement je découvrit un écran qui allait me donner la possibilité de regarder des films.

Les rappels du personnel de bord concernant l'extinction de tout équipements électronique retentissaient dans mes oreilles.

- Excuse me miss would you please turn off your mobile please ?

Désemparée, la belle passagère de la place 43 ne savait pas quoi répondre au géant steward, mais a tout de même essayée avec un anglais expérimental.

- yes yes i envoyer sms to my sister et i stop téléphone.

J'ai pouffé de rire et vu son regard elle l'avait remarquée, mes yeux se sont instantanément dirigés vers le hublot.

Les différents moteurs de l'avion commençaient à laisser entendre leurs impatience, une accélération très franche s'est faite sentir. Mes mains ont tout de suite agrippé les accoudoirs, je fermais les yeux et essayais de contrôler ma respiration afin de ne pas subir mon énième crise de panique. Mon rythme cardiaque augmentait, j'ai essayé de m'imaginer au bord d'une plage ensoleillé mais rien ne fonctionnait, la plage était recouverte de béton et le soleil était caché par une éclipse. Le seul point positif que je voyais à mourir dans les airs était que j'allais avoir moins de route à faire afin de parvenir aux cieux.

- Badr c'est bien ça ? me demanda la place 43

Le son de sa voix avait quelque chose de spécial, mon rythme cardiaque ralentissaient, la sérénité regagnait mon corps, mes paupières se déridaient et je répondis :

- C'est bien ça, avec une petite voix

- Je m'appelle Julia, me dit­-elle

- Enchanté moi c'est Badr, la petite voix avait pris refuge dans ma gorge

- Oui je sais vous l'aviez crié fort à l'aéroport quand vous parliez à cet homme efféminé au comptoir

Je ne savais pas quoi dire, mon esprit était divisé en deux. D'un coté cet avion et ce décollage qui puisaient dans mes forces et de l'autre cette jolie jeune femme qui entamait une discussion.

- Je tiens à m'excuser d'avoir rigolé quand vous aviez parlé anglais

Elle se mis a rire très fort, puis arrêta net celui ci pour me répondre :

- Chacun ses points forts, les miens ne sont indubitablement pas du côté des langues. Que faites vous dans la vie Badr ?

Elle menait la conversation d'une main de maître.

- Je travail pour une multinationale américaine spécialisée dans l'informatique et vous ? Ma réponse était fade et elle démontrait clairement que je n'étais pas enjoué par ce qui me prenait le plus de mon temps.

Elle approcha son visage de mon oreille et me chuchota :

- Je suis une espionne syrienne qui tente de renverser le gouvernement Syrien actuel, mais chut c'est entre nous ma t­ elle dit avec son index devant ses lèvres.

C'était bien ma chance ! Enfin une fille qui me plaisait et elle avait un grain. La gêne se lisait sur mon visage qui virait au rouge. Était­ ce de l'humour ? Essayait ­elle de jauger ma naïveté ? Une espionne syrienne ?

"Et moi je suis un émir dont la richesse se compte en millions !" C'était ce que j'aurai aimé répondre mais ma politesse en avait décidé autrement :

- Je sais très bien que vous cherchez à vous venger pour avoir rit de vous, mais je me suis excusé et c'était sincère. Ma voix avait pris de l'assurance.

J'étais requinqué, mes forces était de retour, je leva ma main droite la posa sur mon épaule gauche et faisait mime d'avoir une arme à feu dans la main.

- Je suis James Bond envoyé par la reine d'Angleterre mais chut c'est entre nous.

J'étais retombé sous son charme en la voyant esquisser un sourire, et quel sourire ! Je n'imagine même pas l'interminable liste des personnes qui sont tombés sous son charme. Il y'avait du soleil, c'était un arc en ciel qui même un jour de pluie pouvait vous redonner la joie de vivre.

- Et pourquoi allez vous à Malte ? Lui demandais-­je

- Même les espionnes ont le droit à des congés ! ma t-­elle répondue naturellement

Nos rires étaient synchro.

Juste après cet échange le commandant de bord avait annoncé notre arrivé.

- Déjà ! m'exclamais-­je

C'était bien la première fois qu'un voyage se passait aussi rapidement. En temps normal on souhaite que le vol ne dépasse pas une heure mais dans ma situation aux cotés de cette femme, "qu'il s'éternise" ! Je voyais par l'hublot l'île de Malte, toute minuscule. J'avais l'impression que c'était une ville qui pouvait être visité en une journée, sûrement un effet d'optique.

Arrivé sur le tarmac après un atterrissage mouvementé digne d'un séisme de magnitude 5, Julia et moi échangions un dernier regard. J'avais le poing serré et ma langue était tétanisée, j'étais comme électrocuté par la peur. "Voici mon numéro de téléphone n'hésite pas à m'appeler pour qu'on puisse se revoir ! " c'est ce que j'aurai aimé lui dire mais pendant que ma réflexion était en pleine ébullition Julia avait déjà tournée des talons et je la voyait partir avec grand regret.

­ Et ouais mon pote c'est la vie, t'aurai du te bouger quand t'en avait l'occasion, me disais­-je à mi­voix. Je regardais ma montre, il était environs 19 heures et je n'avait qu'une seule envie, me relaxer dans ma chambre d'hôtel après une bonne douche.

D'une traite toutes les procédures administratives était finies, j'empoignais ma valise et d'un pas rapide me dirigeait vers l'extérieur. Un regard éclair à gauche puis à droite à la recherche de Julia mais un taxi de couleur bleue fonça à toute allure pour se mettre en face de moi.

- Où est­ ce que je peux vous emmener mon chère ami ? me questionna le chauffeur de taxi.

Son français était sans accent, il portait des lunettes fumée qui cachaient la partie supérieur de son visage, l'autre moitié était dissimulée derrière une longue barbe bien taillée.

- Euh, et bien... laissez moi regarder sur une feuille l'adresse.

Après avoir fouillé dans mon sac je lui lisait l'adresse et le nom de l'hôtel.

- Palierno Hôtel c'est au .. il m'interrompu

- Allez ­y montez ! Je connais très bien le coin on y sera dans 10 minutes si ce n'est moins.

A peine assis dans le taxi il appuya à pleine puissance sur l'accélérateur, mon cou était à deux doigts de craquer. L'intérieur de son taxi sentait le neuf, accroché à son rétroviseur une petite plaque avec dessus des écritures en langue arabe. Sa manière de conduire était agressive, une seule main faisait le travail. Il alternait entre la boite de vitesse et le volant d'une main de maître; ça ne ressemblait vraiment pas à une conduite conventionnelle d'un chauffeur de taxi.

- Alors vous venez de la France ?

- Oui c'est bien ça. Mon regard était toujours bloqué sur la plaque

- Moi c'est Noham et vous ?

Il freina brusquement, mes dents s'étaient entrechoquées et plusieurs coups de klaxon retentissaient à son égards

- Badr B­A.. Il m'avait interrompu pour terminer le reste de mon prénom

- D­R, La célèbre bataille de Badr !

Un regard à gauche puis à droite et il redémarra avec la même agressivité. Les pneus crissaient et des injures fusaient des voitures voisines. Malgré la barrière de la langue, je supposais que c'était des injures. Le maltais m'était familier, un mélange d'arabe et d'anglais mais je n'en comprenais pas un mot.

- Vous êtes français ? lui demandais-­je en fixant ses yeux, du moins ses lunettes dans le rétroviseur.

- Franco ­Syrien; Sa réponse était froide et sans suite.

Il enleva ses lunettes se gratta le haut du nez puis les repositionna à leur endroit initial. Gris foncé, ses yeux étaient gris foncé.

Il rétrograda et me posa une question :

- Vous connaissez la Syrie ?

- Le pays non mais le conflit oui, à mon tour ma réponse était froide et rapide.

Sa conduite était redevenue plus calme, l'avenue sur laquelle nous nous trouvions était sans conteste une grande artère. Plusieurs boutiques de luxe, des buildings qui grattaient les nuages ainsi que des panneaux lumineux qui me rappelaient le fossé entre les différentes castes vivant dans nos sociétés.

- Badr, c'était un plaisir de vous rencontrer, l'hôtel se trouve sur votre droite. Tenez ma carte de travail, si vous souhaitez un guide touristique je serai ravi de le faire et pour un prix défiant toute concurrence !

Je tendait mon bras pour prendre la carte et jeta un coup d'oeil à son nom de famille :

- Khederi Monsieur Khederi c'est bien ça ?

- Parfaitement dit ! Vous savez lire et j'en suis soulagé, prenez soin de cette carte vous en aurez sûrement besoin.

- Me..Merci Noham

Je tapotais les différentes poches de mon pantalon et vestes afin de voir si je n'avais rien perdu sur la banquette arrière du taxi. J'empoignais ma valise et jetais un dernier regard vers ce taxi bleu qui était déjà caché par la fumée laissé du à un démarrage tonitruant.

En avançant vers l'hôtel une question me venait à l'esprit :

­ Dans le véhicule aucun écriteau officiel, était- ­il vraiment taxi ?

Publicité
Publicité
Deux
  • J'aime écrire sisi vraiment j'aime écrire ! Ce que j'aime par dessus tout c'est écrire sans fautes. Mes phrases ne sont pas soulignées en rouge écarlate par le correcteur ? c'est une réussite ! Mais il y a encore du chemin !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité