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Deux
27 octobre 2015

Part III – Explications

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Part III – Explications  

Malgré le lit confortable sur lequel j’étais allongé toutes les parties de mon corps me faisaient atrocement mal. Ne voulant pas qu'ils sachent que j'étais réveillé, j'ouvrais les yeux subrepticement. 

J’apercevais debout Julia de dos, les yeux rivés sur un large téléviseur. 

Elle s'énervait toute seule face a un journaliste d’une chaîne d’information :  
- Encore de la désinformation !! Tu as entendu ça Noham ?! 
- Quoi donc ? répondit-il 

- Viens voir ! Ce journaliste de bas étages ici présent nous dit que notre président ô combien aimé fait tout son possible pour rétablir l’ordre en Syrie.

Sa phrase n'était pas encore terminée que Noham se retrouvait face au téléviseur aux cotés de Julia. Il prit la télécommande et augmenta le son, le journaliste continuait à débiter en langue arabe ses informations. Je ne comprenais absolument rien de ce qu’il racontait ; 
- Attaqué par des terroristes alors qu’il se rendait soit disant dans un camp de démunis ?! Non mais il manquerait plus qu'ils le fassent passer pour un saint ! criait-elle
Les yeux mi-clos j'avais du mal à ne pas cligner des yeux toutes les 5 secondes, je regardais autour de moi avec un champ de vision altéré par mes propres yeux. J'étais lamentable, pourquoi ne pas me lever et ne pas tordre le cou de ces deux abrutis accroc aux informations ? 
La réponse je la connaissais. Seul face à cette femme je n’avais rien pu faire donc en rajoutant ce conducteur de taxi c'était fichu d'avance.

Mon cerveau était en pleine ébullition et le vacarme que faisait cette femme ne m’aidait pas.

- Tu peux te joindre à nous me lança Noham avec une voix chaleureuse

J'ouvrais les yeux en grand et aussitôt les ridaient à cause de la lumière. J’inspectais du regard l’endroit dans lequel je me trouvais. Sur les draps de cet immense lit ainsi que sur les coussins, étaient brodés le nom d’un hôtel suivi de 5 étoiles. 

Sur le mur me faisant face une imposante horloge donnait comme heure  “ 08 : 34 am ”. 

Je reconnus sans mal le logo de la célèbre marque d’horlogerie Rolex. 

- Il aura fallut que je me fasse éclater la tronche pour être surclassé dans une chambre comme celle-ci. Disais-je sans fluidité.  

J’essayais de me mettre assis tant bien que mal. Julia se tenait debout les bras croisés et ne bougeait pas d'un iota, elle avait le regard dirigé vers moi. 

-  Badr, t'en penses quoi de la Syrie ? 

- J'en penses que je me suis fait kidnapper par deux tarés qui ne m’ont pas donnés d’explications ! ! 

Ma phrase ne lui avait fait ni chaud ni froid, elle continuait à me fixer avec un regard perçant me rappelant les coups qu’elle m’avait porté au visage

- Je repose la question Badr, t'en penses quoi de la Syrie ?

Elle ne blaguait pas du tout, ce n'était pas un couteau que j'avais sous la gorge mais un katana à la lame tranchante sortant tout droit du fourreau d'un samouraï d'antan. Avec une voix tremblante je répondais à sa question et ce avec le plus de sincérité possible, j'avais l'impression de faire face à un examinateur essayant de me déstabiliser à un examen de fin d'année. J'expliquais mon point de vue concernant la situation lamentable de ce pays qui autrefois était aimé de tous, la tristesse que j'éprouvais pour ce peuple Syrien et d’autres informations que j'avais lu et entendu dans différents médias. 

Plus je parlais et plus son visage se refermait, s'en était flippant.

Noham posa sa main sur l'épaule gauche de Julia et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Elle s'exécuta et se dirigea vers moi, mon cœur commençait à s'emballer, ma respiration s'accélérait. Elle passa à coté de moi sans même me jeter un regard et alla se réfugier dans une autre pièce. Elle me foutait vraiment les jetons.

Le sourire en coin, Noham me regardait reprendre mes esprits.

- Elle a l'air effrayante comme ça mais tu apprendras à la connaître.

- Mais je n'ai nullement envie de faire la connaissance d'une malade mentale ! 

L'intensité de ma fin de phrase avait diminuée pour qu'elle ne m'entende pas. Excédé mais pas suicidaire pensais-je tout bas.

- Dits moi pourquoi je suis là et pourquoi m'avoir tabassé pour finir par me soigner ?

Noham prit une grande inspiration et me fixa quelques secondes : 

- Tout d'abord sache que tu n'es pas prisonnier et j'aimerai que tu écoute ce que j'ai à te dire c'est important. 

- J'ai le choix ? 

- Pour le moment non mais écoute-moi attentivement me rétorqua Noham.

Plus il parlait et plus mes muscles se crispaient. Assassinat, génocide, toutes les horreurs que ce peuple Syrien enduraient. Les bras le long de mon corps, les poings serrés, je bouillonnais de l'intérieur. Je sentais ma mâchoire épuisée, exercer une continuelle pression sur mes dents. Il termina son histoire par : 

- Nous sommes désolés de ce que tu as pu endurer dans cet hôtel mais nous n’avions pas le choix.

En levant ma tête Julia était de nouveau aux côtés de Noham et à elle de me dire qu'elle était profondément désolée. 

- C'est ça ! J'ai bien remarqué le plaisir que ça te procurait de tabasser des hommes ! 

Je me suis laissé faire uniquement parce que tu es une femme ! J'aurai du te frapper jusqu’à ce que ta propre mère ne te reconnaisse plus ! Espèce de folle ! On ne ta pas appris que les poings ne menaient à rien ?!

Tel un kamikaze se dirigeant en chute libre sur l'ennemi, un filet de bave provenant de ma bouche se jeta au sol tout proche des pieds de Julia, 

- Badr, si j'avais la possibilité de te déformer une fois de plus le visage je le ferais avec grand plaisir.

Elle disait ça en souriant - la rage me montait au visage mais si je voulais un jour revoir la France, j’étais contraint de les écouter. Après tout s’ils voulaient me tuer ça aurait été fait depuis longtemps. Noham se leva et déplaça une petite table transparente faites de cristal ou d’un matériau dans ce genre. Lourde d’apparence il la déplaça en face de moi avec une telle facilité. 

Heureusement que c’est la fille qui est venue me kidnapper à l’hôtel sinon mon âme aurait quittée mon corps au premier coup de poing. Sur la table se trouvait un sac et à côté de celui-ci quelques friandises dans une petite assiette. Le sac était en somme banal sans marque mais les bonbons eux me faisait saliver - mon ventre criait famine.

-  Ouvre le sac s’il te plait me demanda Noham 

-  Fais le toi même, j’en ai marre que l’on me donne des ordres !

-  Tu es sûr ? Pourtant ce qu’il y a à l’intérieur pourrait t’intéresser. 

Son ton amical me poussait à être crédule et même à avoir de l’empathie. J’espérais ne pas être touché par un sorte de syndrome façon Stockholm. J’ouvrais le sac docilement et tout d’un coup mon attitude était celle d’un enfant devant ses cadeaux un matin de Noël, mes yeux s’écarquillaient, ma bouche était à moitié ouverte. Greffez une bouche à mon estomac et ses premiers mots aurait été : “ Un trésor ! ”. 

Des sandwichs en vrac bien garnis, une petite bouteille de soda, un paquet de chips, un paquet de gâteaux au chocolat et pour couronner le tout des M&ms. 

- Bon appétit, me lança Julia

Je ne voulais même pas répondre ni hocher la tête. Mon regard était focalisé sur la nourriture, j’étais affamé et plus les crocs se faisaient plus je me rassasiais. Je mélangeais le sucré avec le salé en faisant des pauses avec des gorgées de soda. J'imaginais l'acheminement de ce « festin » dans mon corps jusqu’à se loger dans ma poche stomacale. 

Mon pauvre estomac.

- Pourquoi je suis là ? 

Julia me tourna le dos et leva l’index de la main droite en direction du plafond, j'ai tout naturellement regardé son doigt et à ma grande surprise la raison de son mouvement était un éternuement. Au plus profond de mon être j'aurai adoré que son réflexe de fermeture des paupières ne fonctionne pas. Ses yeux auraient quittés leurs orbites, Noham aurait été affolé, Julia se torderait de douleur au sol et discrètement j'aurai quitté cette satanée chambre – J'esquissais sans le vouloir un sourire démoniaque.

Elle interrompit mon doux rêve, et mon visage reprit son état initial  

- Désolée

- « désolé, désolé » vous avez que ça à la bouche dites-moi pourquoi je suis là

- Prénom Badr, nom de famille Moussaoui, tu viens d’avoir 30 ans et tu es né le 09 septembre 1985

Noham prit le relais :

- Tu habites Paris depuis quelques années maintenant, de nature solitaire tu aimes voyager seul une fois par an, tes hobbies sont le sport et plus particulièrement le basket.

- Vous … vous m'avez espionné ?! Je sentais des fourmis me monter au visage.

Ils enchaînaient à tour de rôle l'étalage de ma vie. 

- Il y a de ça trois ans tu as été arrêté dans l'aéroport de New york. Ils t’ont refusés l’entrée sur leur territoire et tu as été retourné en France menotté. Le dossier officiel dit que tu as eu des agissements non respectueux envers le personnel de bord. 

- C'est FAUX ! Je n'ai rien dit ni eu d'agissements irrespectueux, la seule chose à laquelle j'ai pu manquer de respect c'est leur langue que … Noham leva la main grande ouverte en ma direction.

- La version officieuse est différente, ils ne t'ont pas acceptés car dans leurs bases de données tu es fiché comme terroriste Djihadiste dormant.

Il baissa les yeux et reprit :

- Le 11 septembre 2001, l'attentat du World trade center. Ils ont découvert plusieurs terroristes portant le même nom que toi. Parmis eux la star des stars « Zakarias Moussaoui ». Le français arrêté le même jour dans un aéroport américain tentant de se faire exploser. Dieu merci il n’a pas réussi, quelque chose avait dû foirer dans le mécanisme de détonation de la bombe. Grâce à cet abrutit toute personne portant ce nom de famille à été espionné.

Noham se leva et se dirigea vers un bureau improvisé, se retourna et me jeta une sorte de petit cahier. C'était un passeport français. 

- Vasy ouvre le, m’ordonna Noham

En l'ouvrant j'ai été rapidement interpellé par le nombre de tampons. Les pages suivantes étaient elles aussi jonchées de tampons provenant de douanes différentes. J'ai eu un temps de pause, pendant laquelle mes pupilles se sont dilatées. Mon front se ridait au fur et à mesure que je rapprochais le passeport de mes yeux. J'étais bouche bée

- Moussaoui ... Noham ?

Noham hocha la tête 

- Ton nom de famille est Moussaoui ?? 

Il esquissa un sourire et s'approcha de moi 

- Depuis maintenant quatre années tu as été espionné jour et nuit par les services secrets américains. Tes voyages solitaires leurs paraissait suspicieux, ton nom ... Notre nom de famille n'aidant pas tu n'as pas été accepté aux États Unis.
J'essayais de digérer toutes ces informations et j'avais un bon nombre de questions qui fusaient dans ma tête. 
- J'ai été espionné ? T'es quoi au juste ? un cousin éloigné ?  Et j'y pense ton nom de famille sur la carte que tu m'as donné dans le taxi, ce n'était pas du tout Moussaoui !
- En effet, tu as une très bonne mémoire. Khederi est le nom de Julia, pour passer incognito je me l'approprie de temps en temps. 
- Je travaille pour une fichue multinationale Américaine a qui je donne toute mon énergie ! Je n'ai pas de vie sociale ! Je n'ai pas de femme ni d'enfants ! Je souffle grâce à ces voyages, alors pourquoi, pourquoi !
  
Julia s'avança vers moi, croisa ses bras. Son expression avait changée, elle était chagrinée par mon désarroi ? ou bien était-ce de la pitié ? Peu importe je voulais prendre l'air, marcher, courir, tomber, me relever et continuer jusqu'à que je ne puisse plus oxygéner mon cerveau. Oublier, je voulais juste oublier. Mes coudes appuyés contre mes cuisses, mon regard fixé vers le sol, mon cerveau tournait à plein régime au bord de l'échec. Ça m'a tout naturellement rappelé mon quotidien lorsque je mettais a rude épreuves nos ordinateurs jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus répondre à mes requêtes, le redémarrage était nécessaire.
Tout comme les machines, les êtres humains avaient à mon humble avis bien besoin d'être agrémentés d'un mode sans échec.  
Julia continuait à élever la voix afin de retenir mon attention.
- BADR ! Si tu étais resté la nuit au Palierno Hôtel, le lendemain à la sortie de ta chambre tu aurait été agressé et emmené de force.
Ils t'auraient torturé afin d'avoir la moindre informations.
Ses mots étaient appuyés et bien trouvés afin de me foutre la trouille.
- Qui "ils" ??
- Des agents secrets Maltais et Américains. Malte appartient certes à l'Union Européenne mais il reste un petit pays dépendant économiquement, récemment ces deux pays ont passés un accord officieux dans lequel Malte s'engage à être transparent en terme d'informations des allers et venues des citoyens présent sur leur territoire. En contre partie Malte s'est vu augmenter sa compétitivité et son économie de plusieurs milliard de dollars grâce à l'implantation de différentes grosses multinationale comme Google. Business is business !
- Nous savons Julia et moi que tout ça est difficile à digérer mais nous t'avons dans un certains sens sauver la mise. Si tu sors attend toi a être arrêté. Noham pesait ses mots
- C'est quoi votre but ? Pourquoi vous m'avez aidez ?
- Nous sommes cousins, nous portons le même nom de famille et notre objectif premier est de rétablir l'ordre et la paix dans notre pays. Nous avons besoin d'aide et ce serait te mentir de dire que ce que nous allons te demander n'est pas dangereux.
 
- Qu'est ce que vous voulez ?
- Faire ... Faire tomber le régime de Bachar El Assad. Au niveau financier et armement le gouvernement Américain le soutient. Ils ont peur que Daesh, un groupe de terroristes que tu dois surement connaitre ne prenne le contrôle du pays et élabore un plan afin de faire revivre aux américains un nouveau 11 septembre.
Toute cette histoire, les médias n'en connaissent rien. Le peuple quant à lui pense comprendre mais il est floué comme toujours.
- Écoute, je ne sais pas me battre, Julia peut en témoigner. Je ne vous serait d'aucunes utilités. Donnez moi un ordinateur avec une connexion internet, j'achète un billet aller pour la France afin de retourner dans ma petite vie d'informaticien. 
-  D'accord ! me lança Julia avec un brin de colère dans sa voix
Noham se mit en mouvement, il prépara mes affaires, les déposa à mes pieds puis me lança un sourire.
- Prends soin de toi Badr
J'étais déconcerté, j'avais envie de dire "c'est tout ?!" ni une ni deux toutes mes affaires étaient sur moi.
En direction de la porte il m'interpella une fois de plus et me rappela que j'avais en ma possession sa carte de visite. 
Je t'en foutrait des cartes de visites ! J'ai crié cette phrase au plus profond de ma tête à coté de la case "courage".
                                                                                                               * 
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Commentaires
Deux
  • J'aime écrire sisi vraiment j'aime écrire ! Ce que j'aime par dessus tout c'est écrire sans fautes. Mes phrases ne sont pas soulignées en rouge écarlate par le correcteur ? c'est une réussite ! Mais il y a encore du chemin !
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